Pantani, six ans après Samedi 14 février 2004. Noyé dans la solitude, Marco Pantani mourrait d’une overdose à la cocaïne dans une pauvre chambre d’hôtel à Rimini. L’Italie perdait son plus grand champion cycliste de l’ère contemporaine. Le monde du cyclisme voyait disparaitre le dernier authentique grimpeur de son histoire. A l’image des funérailles de Fausto Coppi, autre grand champion Italien mort prématurément, les obsèques du Pirate avaient rassemblé des milliers de fans de cyclisme. Comme pour le Campionissimo, la vie et la carrière du Romagnol n’a été qu’une suite de glorieux et tragiques événements.
Enfant turbulent et à problèmes, Marco a trouvé dans le cyclisme et dans l’escalade des cols une passion, un moyen se libérer :
« Je ne veux pas qu’on puisse me dépasser. Je veux le vide dans mon dos. Je veux m’habituer jour après jour à la solitude. En attaquant, je veux détruire psychologiquement mes adversaires. Les autres doivent s’acharner à me poursuivre. Tant que je ne les ai pas lâchés, je ne suis pas tranquille ». Cette obsession de l’excellence le poussait à se dépasser chaque jour à l’entrainement. D’un style pur, il grimpait les mains au bas du guidon, le dos à l’horizontal, Marco Pantani était un artiste unique en son genre. Le Romagnol était un attaquant né, bourré de panache, à l’image de ses plus grands prédécesseurs : Charly Gaul ou Federico Bahamontes. Au cours de sa carrière et au fil de ses exploits, le Romagnol avait ressuscité la légende des purs grimpeurs dans une époque largement dominée par les rouleurs et autres rouleaux compresseurs, qu’étaient Miguel Indurain, Jan Ullrich ou Alex Zülle.
Une immense volontéDès ses premiers pas dans la compétition, l’Elefantino affichait son rêve
« Un jour, je gagnerai le Giro ». L’objectif est d’abord rempli dans les catégories espoirs en 1992. C’est alors que la prestigieuse formation Carrara lui tend les bras. L’Italien saisit la chance donnée par Davide Boifava et ne manque pas de culot le jour de sa signature.
« C’est vous qui avez fait une affaire en me prenant et non moi en venant chez vous ». Du culot, il n’en manquera pas lors du Giro 1994 qui le révéla aux yeux du grand public. Dans les cols, Pantani impose sa loi à Miguel Indurain, Evgueni Berzin ainsi qu’à son propre leader, Claudio Chiappucci. Le Pirate remporte deux étapes après deux raids solitaires magistraux et termine troisième du classement final. La même place l’attendra quelques semaines plus tard sur le podium de la Grande Boucle.
A 24 ans, tous les espoirs sont permis et personne ne connait encore ses limites. Pantani avait donc fait du Giro 1995 un grand objectif. Mais à quelques jours du départ à Pérouse, l’Italien est renversé par une voiture. Il doit renoncer à l’épreuve contre son gré. C’est le premier coup dur de sa carrière. Le Diablotin prépare alors sa revanche sur les routes du Tour, mais avec une préparation retardée. A la peine dans la première partie de l’épreuve, l’Italien renait sur les pentes de l’Alpe d’Huez. Le Pirate récidive quelques jours plus tard à Guzet-Neige mais termine seulement 13éme de l’épreuve suite à une gastrite qui l’empêche de défendre activement ses chances au général. Mais les ennuis ne sont pas encore terminés. En fin de saison, sur Milan – Turin, le Romagnol chute très sévèrement dans une descente. Il est gravement blessé, souffrant d’une fracture du tibia et du péroné, et son retour au plus haut niveau est très incertain.
Courageux et déterminé, Pantani remporte son premier combat en revenant à la compétition 10 mois après sa chute, mais son équipe va disparaitre en fin de saison pour des problèmes financiers. Alors au fond du trou, Luciano Pezzi offre au champion un nouveau départ au sein de la nouvelle formation Mercatone Uno. Malgré tout, le destin continue à s’acharner sur le coureur. Une chute sur le Giro le contraint à l’abandon, alors qu’une bronchite l’empêche de rivaliser avec le mastodonte allemand, Jan Ullrich, sur le Tour de France. Mais comme en 1995, le Pirate retrouve ses meilleures sensations lors de l’ascension de l’Alpe d’Huez, qu’il remporte de nouveau avec un chrono de référence de 37’50″, jamais battu depuis. Au final, il termine le Tour à la 3éme place, alors que quelques mois auparavant, il luttait encore pour pouvoir retrouver l’équilibre de ses jambes.
17.02.10 2:33 par Angelo